Parcours du groupe Earth

Pardon ? Je fronce les sourcils et grogne, mes bras tombant sur le côté. Je veux dire, je sais qu’il ne fait pas encore super jour et que j’ai peut-être de la fièvre. Mais quand même. Je tire au sniper à presque 1000 mètres et là je rate un ballon de baudruche ?

Une vague de toux me prend et me tord en deux, m’obligeant à reprendre mon souffle après. On dirait un grand-père qu’à choper un cancer, c’est légèrement inquiétant. J’étire ma nuque et mon cou avant de remettre le pistolet en bout de main et de viser plus calmement et en me concentrant un peu plus. Peut-être que si j’imagine que c’est la tête de quelqu’un j’y arriverai mieux. J’inspire lentement puis expire à la même vitesse et, les mains fixes et fermes, j’appuie sur la gâchette une, deux, trois, quatre fois et me râcle la gorge.

C’est con parce que je n’ai rien ramené pour boire et je suis entouré d'eau… Deux secondes après même pas, je baisse mon masque, me tire dans la bouche et remets ma protection en place. Meilleur que la bière que j’ai eu au petit-déjeuner. Ah oui, et mon ballon au fait ?


(2 lancés)

Ok. Non. Il doit y avoir une explication logique. C’est moi la bille ou bien c’est le ballon le fautif, l’arme peut-être ? Après tout un entraînement n’est plus un entraînement si on réussit du premier coup. Je trouve ça juste bizarre que je n’y arrive pas du premier coup. C’est même louche… Étrange…

Quoi que. Est-ce que ma vie n’est pas faite d’étrangeté ? Je hoche la tête, en accord avec mes propres pensées, j'en fais des divagations. Je ne suis peut-être pas aussi bon que je ne le parais, c’est vrai qu’il y a toujours place à l’amélioration dans le fond. Je fais un pas en avant, peut-être étais-je trop ambitieux par rapport à la distance ? Le repère est un peu plus près, je peux en profiter et m’approcher.

Peut-être aussi que je compte trop sur la précision est pas assez sur la puissance du tir ? Enfin, du moins, la pression de l’eau et le nombre de jets lancés… Même si je crois que je me complique la vie à faire ça. Je n’aime pas quand les choses ne sont pas logiques. Secouant ma tête à droit, je jette une mèche de cheveux de devant mes yeux et tire à nouveau presque une douzaine de fois, appuyant plus longtemps, voyant la balle bouger, bouger… Est-ce qu’elle va enfin se dégager ?!



(3 lancés, non mais c'est un comble je vais bien finir par y arriver)

Admettons que l’angle de tir soit différent puisque ce ne sont pas des projectiles mais clairement un jet qui part d’un point A jusqu’à un point B. Forcément, la courbe change avec la gravité et la force aussi. C’est-à-dire que pour faire bouger cette balle… Soit je dois tirer avec plus de puissance, ce qui n’est pas possible avec un appareil à pression aussi simple que celui-ci. Soit tirer droit mais c’est un peu impossible avec le vent qui souffle encore un peu à cette heure-ci.

Soit, je lance le pistolet et on voit si ça marche aussi… Mais je ne crois que pas que les responsables du stand ne soient d’accord avec mon idée.

Un gamin me passe devant sans problème en sortant la balle de son bocal et je le fixe bouche bée. Il est temps que je fuis le clan Nobira et que je me trouve un autre métier moi. Je reprends un coup d’eau comme toute à l’heure (au moins je sais viser ma bouche) et reprends position. La patience est une vertu Kotarô. Je reprends tout mon calme et détend au mieux possible mes muscles (si je finis encore plus angoisser, ils avaient marqué que je pourrais finir en dépression si ce n’est pas déjà le cas. De mon côté, je crois que le suicide est pas loin).

Un tir m’échappe puis un autre et un autre et un autre et je crois que je m’énerve sur l’enclencheur et satanée balle à la con ! T’as intérêt à sortir de ce récipient à la noix bon sang ! Bon sang ! Bon sang ! J’ai quasiment vidé mon chargeur tiens. J’avais dit « Calme » et « Patient ». C’est rapé.

(4 lancés, je suis tellement en train de rire, honte sur toi Kota lol)

J’aurai mieux fait de rester au lit et mater un film je crois. Quelle mouche m’a piquée pour me dire que je pouvais m’amuser et me détendre dehors ? Franchement, je me demande encore pourquoi j’essaye de nouvelle chose et de me dire que ma vie est pas aussi pourrie qu’elle ne l’est déjà parce que si. Elle est naze et je n’arrive même pas à faire sortir une balle d’un satané bout de plastique !

Je grogne et fume presque, si encore j’étais tombé durant l’épreuve des poutres, j’aurai fait okay, normal, ça glisse, c’est la vie. Mais là c’est une épreuve de tir ? De tir s’il vous plait. Est-ce qu’il faut que j’aille gentiment me présenter à la balle pour lui dire que je suis Nobira Kotarô et qu’elle a intérêt à sortir de son trou si elle ne veut pas que je vienne lui enfoncer mon couteau de survie dans l’arrière train ? Non parce que je le ferai et ce, avec joie.

Je ne suis pas en train de perdre patience toutefois, j’ai souvent remarqué que c’était quand j’étais en colère que je réussissais le mieux. L’adrénaline comme dirait Sciences & Vie.

C’est repartie pour une rafale et cette fois-ci je me crois comme sur le terrain, pas question de flancher ou s’énerver, j’allais arriver à déloger et ce, qu’importe si j’y passais la matinée ! On ferme un oeil, on assouplit les hanches et je suis sûr que je prends ce jeu beaucoup trop sérieusement pour un putain de dimanche matin !


(5 lancés, Kota est "patient")

A la vue de la balle tombant à l’eau, un soupir de soulagement me quitte. J’ai enfin réussi à me débarrasser de cette première épreuve et heureusement, j’étais en train de remettre en question toute mon éducation sur la visée et les tirs balistiques. J’en connais un qui aurait pris un malin plaisir à m’humilier et me frapper à chaque défaite. Dans un sens, tant mieux qu’il préfère voir ces « enfants » enfermés sinon les pauvres, les raclées en public ça n’a jamais été mes préférées.

Il m’arrive parfois de me souvenir de ce qu’il m’arrivait chez les Mitsuji, ou du moins, j’essaye de garder le peu dont je me rappelle. J’aime les noter la plupart du temps. Une fois ma mère me souleva sous son bras pour me traîner dans la voiture alors que je tapais un caprice pour avoir des bonbons. Quand j’y repense, ça me fait presque sourire sous mon masque. J’avance vers la deuxième épreuve, l’esprit plus facile à vivre que d’habitude, peut-être que me changer les idées n’était en soit pas une si mauvaise idée.

Je regarde la bassine d’eau à porter au-dessus de sa tête. Ou peut-être que si… De mes bras pâle, j’essaye de la positionner déjà sans la faire tomber et commence à marcher doucement, le sol complètement mouillé n’aidant pas à rester stable.

Pour une fois, ne soyons pas pessimiste. Je peux y arriver !

(6 lancés,   )

Je venais tout juste de faire trois pas que je glisse et me retrouve avec la bassine complètement retournée sur moi, le rebord me tapant dans le nez. Sonné, je reste quelques secondes par terre, clignant des yeux, un monsieur se retournant sur moi et me demande même si je suis encore vivant.

« Malheureusement. » répondis-je avec froideur, me rasseyant dans un couinement douloureux. Venir dans un parc aquatique alors que je suis peut-être encore malade ne me paraît plus forcément la meilleure idée d’un coup. J’aurai espéré qu’il fasse plus chaud aussi. Je vérifie que je ne saigne pas du nez puis me relève, trempé de la tête aux pieds. Je reprends ma bassine et la fait remplir à nouveau, retournant ma casquette pour avoir le visage dégagé, mes cheveux argentés coincés en dessous. Et on reprend, je sens les muscles de mes bras, fins mais bien présents, tirer et gonfler et position le récipient sur ma tête, je recommence à marcher, avançant lentement, respirant tranquillement, ignorant l’eau gouttant de [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] et glissant sur mes orteils. Le but est de ne pas me ramasser encore une fois et d’arriver au bout de ces 300 mètres sans m’assommer.

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Tout se passe plutôt bien, j’ai même fait les trois quarts ! Droit et concentré, j’avance un pied puis l’autre et voit bientôt la ligne d’arrivée. Je me retiens de marcher plus vite pour ne pas tenter le diable sauf que, une terrible rafale de vent ou un sacré courant d’air se met à souffler, me forçant à m’arrêter. Oh non. Je sens que mon nez me chatouille et vu que même mon masque est trempé, j’ai un long frisson à me donner la chair de poule et ni une, ni deux, j’éternue, la tête se balançant en avant, lâchant la bassine sur l’arrière de mon crâne.

Le plastique tombe par terre en emportant ma casquette et je me mets à trembler et à claquer des dents, mon tee-shirt mouillé collant à mon corps maigre. Uh. Je vais choper la grippe mais j’avais payé pour avoir faire ce satané parcours alors je n’allais pas gâcher le peu d’argent que je touchais.

D’un pas décidé, je pars en direction de la fontaine pour re remplir la bassine et me mets en position, reprenant la même stratégie que tout à l’heure, m’arrêtant à chaque fois que je sens un coup de froid m’arriver dessus. Prudence et détermination me mèneront à mon objectif. Il suffit juste d’essayer de ne pas glisser ou de ne pas tousser ou... Bref. Ne pas trop bouger.


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C’est décidemment du gros foutage de gueule ! Je me suis retamé en glissant en arrière et aïe, j’ai mal. Je me suis pris la bassine encore une fois sur la tête et cette fois-ci, j’ai la trace du rebord sur le front, ma casquette volant de l’autre côté. Un coup de froid me pris malgré la chaleur honteuse de mes joues et je secoue la tête. Je suis énervé.

Déjà l’eau j’aime pas ça, ça mouille. Mais en plus, j’ai froid, j’ai mal et j’ai les vêtements qui collent. Je repars en fulminant remplir la bassine puis reprends ce cirque vide de sens, soulevant presque d’une main le récipient pour le mettre sur la tête et j’avance !

Une inspiration profonde, une expiration, deuxième inspiration. Pffffiouuuu. Il fallait que je reprenne mon calme, je sais que je peux le faire. Je ne suis pas plus faible que les autres, pas plus stupide et même plus adroit normalement. Ce n’est peut-être tout simplement pas ma journée. Un éternuement me prend à nouveau et j’étire mes bras pour ne pas trop faire bouger l’eau. Allez. Un pas, puis un deuxième, tu la vois la ligne là, plus que quelques mètres et on a fini.



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