HISTOIRE
La petite Jung Hwa a déjà de bons poumons. Cris et pleures emplissent la petite chambre d'hôpital dans laquelle elle a vu le jour. Mais peut-être a-t-elle le don de ressentir tout le malheur que ce monde a à lui offrir. Peut-être n'est-ce dû qu'à la tristesse à venir de la perte de celle qui lui a donnée la vie. Jung Hwa a l'air de pouvoir tout ressentir et de tout anticiper. Mais Jung Hwa n'a conscience de rien du haut de ses vingt minutes d'existence. Pour autant elle se fait entendre, défie la vie et les infirmières qui tentent de lui donner son bain. C'est une bonne vivante. Un bébé plein de vie ; curieux et peureux à la fois. Elle incarne l'innocence elle-même. Comme tous nourrissons, elle ne réalise pas le temps qui s'écoule autour d'elle comme une brise légère caressant son visage un peu trop sensible de nouveau né. Elle ne comprend pas même pourquoi elle est ainsi enfermée ; dans une couveuse avec pour seul contact, celui du pédiatre qui vérifie ses constances et sa santé générale. Elle ne se pose aucune question et se contente de babiller et de sourire à chaque intervention de celui qu'elle s'imagine peut-être être son père. Jung Hwa vit ainsi dans une illusion d'une vie qu'elle ne comprend pas. Sa mère biologique a quitté les lits d'hôpitaux depuis plusieurs semaines déjà quant à son père... mieux vaudrait pour elle de ne jamais le connaître. De toute manière le destin a bien d'autres projets en vue pour ce petit bout de chou, comme celui d'être placée entre les mains d'un couple à peine marié et qui ne parvient à procréer. Faire du malheur grandissant d'un enfant, le bonheur d'un couple. Voilà que Jung Hwa perçoit pour la première fois la lumière. L'espoir.
L'avenir du poupon semblait déjà tout tracé. Sans bavure, la jeune Jung Hwa grandie dans le foyer familiale avec tout l'amour qui lui fut promis. L'argent n'est en rien un problème pour l'heureux couple, si bien que la jeune enfant ne manque absolument de rien et surtout pas d'attention, ce qui à ses yeux vaut plus que le dernier jouet à la mode. Jung Hwa est ainsi : une enfant que l'on surnomme parfois de pot de colle. Découvrir le monde seule, de ses grands yeux écarquillés, ne l'intéresse pas vraiment, pas si sa maman n'est pas là pour rire de ses remarques et de ses émerveillement à demi-mots. Cela dura de nombreuses années et ce n'est finalement que lorsqu'elle eut l'âge de se joindre à d'autres enfants pour des activités extrascolaire que le cordon fut coupé. Pas que Jung Hwa renia ses parents du tout au tout, disons simplement qu'elle avait découvert l'indépendance de l'enfance et le bonheur de la chaleur humaine. Altruiste, ses parents la surprenait souvent à distribuer les vieux jouets dont elle s'était déjà lassée, aux autres enfants de sa classe. Sa bonté naturelle fit l'objet de quelques disputes au sein de sa famille, des disputes dont elle n'eut jamais vent et auxquelles elle n'aurait de toute manière jamais prêté attention. Plus elle grandissait, plus le caractère de son père adoptif grandissait avec elle. C'est fou de constater à quel point les liens du sang ne sont rien d'infranchissables et de définissables. De sa biologique, Jung Hwa n'avait finalement que la finesse de ses traits. La beauté de la Chine reflétant dans ses yeux tout comme son ignorance. Pour autant ses parents se refusèrent à lui cacher la vérité sur ses origines. Ils se montrèrent par ailleurs totalement transparent à ce sujet, préférant de loin la vérité aux non-dits. Elle n'était pas le fruit de leur union certes mais elle définissait leur amour sur bien des points.
Jung Hwa ne chercha pas à retrouver sa mère après tout, elle en a une qui l'aime et qu'elle aime d'un amour inconditionnel. Leur relation est comme celle de deux sœurs inséparables. À quoi bon chercher après cette personne lorsque l'on a tout ce que l'on peut espérer ? De la reconnaissance ? Elle n'en a pas besoin. De l'amour ? Elle n'en aura sûrement pas plus. Jung Hwa n'a rien a gagner à fouiller son passé, au contraire, elle a le sentiment qu'elle a tout a y perdre. Elle préfère largement dévouer son énergie à d'autres choses. L'école par exemple ; cet endroit merveilleux où il est si simple d'apprendre et de se cultiver. Lorsqu'elle ne fait pas ses devoirs, Jung Hwa s'instruit sur l'astronomie. Les étoiles la fascine. Elle en dessine plein ses cahiers. Puis vint s'ajouter une nouvelle passion : la musique. Tout commença par ce fameux cours de koudi un jeudi en fin d’après-midi qui plutôt que de la passionner l'amusa plus que de nature. Ce n'était rien de plus qu'un vulgaire bout de bois duquel sortaient des notes pour le moins aiguës. Comme le chant de millier d'oiseaux qui ne savaient pas vraiment comment chanter en harmonie. La curiosité l'a mena jusqu'à la flûte traversière, puis le piano pour finalement se poser sur le violon. La grâce et la douceur de cette instrument à corde lui semblait être comme la matérialisation auditive de son être. Elle se voua corps et âme au violon, insistant même pour intégrer une prestigieuse école de musique. La famille Choi n'avait en ses rangs aucun artiste de renom. Peut-être que Jung Hwa sera capable d'inscrire son nom parmi ces étoiles si cher à ses yeux.
La musique apporta beaucoup à Jung Hwa, à commencer par une fabuleuse amie de laquelle elle fut très vite inséparable. S'en était fini de l'enfant collante qui ne passait pas une soirée sans sa très chère maman adorée. Jung Hwa était une adolescente aujourd'hui, un petit bout de femme qui n'avait de cesse d'affirmer son caractère et sa position dans la famille. Elle avait un véritable talent et pas uniquement dans la musique, mais également pour se lier d'amitié avec les autres et gagner leur confiance. Jung Hwa nageait dans le bonheur. L'origine de sa naissance ne valait rien à ses yeux que le concret de sa vie d'aujourd'hui. Elle n'échangerait sa vie pour rien au monde. Hélas, le destin parfois peut se montrer cruel et sans cœur. C'est du haut de ses vingt ans que le pire arriva ; un accident de voiture qui aurait dû lui coûter la vie. De cette soirée et des mois qui suivirent, la jeune femme n'en garde presque aucun souvenir, seulement cette pointe de culpabilité et de solitude qui lui pèse sur la conscience. Ce qu'elle sait de cette nuit, elle le tient de ses parents qui eux-même le tiennent des médecins. Huit mois passés dans le coma pour se réveiller sans aucun souvenir. Par chance, son amnésie générale ne fut que passagères et petit à petit les choses rentrèrent dans l'ordre ou du moins, elles auraient dû. Progressivement, Jung Hwa se trouva hantée par des rêves violents, effrayants et horribles. Elle qui n'avait de souvenir des circonstances de son coma et de la mort de cette fille qui jadis fut sa meilleure amie, se retrouvait chaque nuit à revivre cet accident encore et encore, si bien que la simple idée de se coucher la terrifiait.
Les séances chez le psychiatre n'aidèrent pas vraiment. Le petit rayon de soleil des parents Choi dépérissaient devant eux, impuissants. On lui prescrit toutes sortes d'antidépresseurs qui n'avaient aucun effets où pas ceux escomptés. Jung Hwa s'enfonçait à mesures de ses angoisses. L'enfer semblait ne pas avoir de fond et la chute lui paraissait interminable. Elle abandonna alors le conservatoire pour se cloîtrer chez elle. Angoisses et paranoïa régissaient désormais sa vie. Jung Hwa en vient à penser qu'elle n'aurait jamais dû survivre à cette nuit et pourtant, elle était là : frigorifiée et effrayée à la nuit tombée. Jung Hwa avait l'impression d'être redevenue cette enfant collante et peureuse qu'elle eut été dans ses plus jeunes années. Mais dormir entre ses deux parents n'était pas une solution. Dormir n'était plus une option. Cette phobie la rendait malade. Peu à peu, la jeune sino-coréenne se referma sur elle-même jusqu'à s'éloigner totalement du cocon familiale. Personne ne semblait comprendre ses craintes. Personne n'avait une solution à ce foutu problème. Son psychiatre ne faisait que lui répéter d'accepter la vérité pour avancer mais de quelle vérité pouvait-il bien parler ? De celle où elle était en vie et eux non ? Jung Hwa maudissait sa survie, maudissait son existence et sa vie entière. Plus rien n'avait de sens ou de valeur. Elle touchait le fond et n'avait même pas la force d'essayer une ascension vers la guérison. Il était trop tard. Toutefois, une personne lui tendit la main. Une seule. Pas la meilleure. Sûrement la pire de toutes. Et cette main tendue avait un prix. Celui que l'on accorde aux drogues et autres stupéfiants. Jung Hwa n'y connaissait rien et était assez naïve pour croire à cette solution salvatrice. Quelques billets en poche et la voilà qui repartait avec une dose et un échantillon d'essai. Cela valait toujours mieux que l'auto mutilation.
Contre toute attente, Jung Hwa passa une nuit sans rêve. La première nuit en presque un an où son sommeil fut tranquille. Pas de terreur nocturne, pas de paralysie du sommeil. Rien de tout cela. Seulement le vide d'une nuit sans étoile. Ce mec-là était un véritable magicien. Elle retourna le voir, jusqu'à devenir une parfaite habituée du coin. Jung Hwa dépensait des fortunes dans son remède miracle jusqu'à tomber bêtement et simplement dans la dépendance. Si en apparence la jeune femme se sentait mieux, ce n'était jamais qu'une illusion. S'en suivirent des disputes et des menaces de la part du couple Choi qui, au pied du mur, ne voyait aucune autre solution pour secourir leur fille adorée que de lui couper les vivres et de la placer dans un centre de désintoxication. Un échec. Encore un. Jung Hwa s'accrocha aux rêves pleins d'espoir de ses parents jusqu'à ce qu'elle n'ait plus la force de garder les yeux ouverts. Rentrer chez elle n'était plus une option. En entrant dans ce centre, Jung Hwa avait été forcée de faire un choix et elle ne pouvait plus revenir sur cette décision. Alors, elle attendit la nuit tombée pour s'introduire chez elle, boucler ses valises avec le strict nécessaire et partit, laissant derrière elle un simple mot d'excuse. Elle avait tout mais avait choisit "rien". Elle avait un avenir mais avait choisit son "passé". Quelques liasses en poche, Jung Hwa prit le premier train en partance pour Busan. Démarrer une nouvelle vie, non pas seulement pour elle mais pour ceux qu'elle aime et qu'elle a tant blessé.
Anecdotes
Ses parents ne lui ont jamais caché ses origines et elle est extrêmement reconnaissante pour ça.
▲ Jung Hwa est passionné par l'astronomie et l'espace depuis sa tendre enfance.
▲ L'étoile est son symbole fétiche depuis toujours et elle a régulièrement sur ses bijoux.
▲ Son animal favori est le hiboux.
▲ Ses parents ne lui ont jamais imposé quoi que ce soit en terme d'étude. Jung Hwa a toujours été relativement libre quant à ses choix d'avenir.
▲ Elle n'a jamais manqué de rien, pour autant, ce n'est pas du tout une fille égoïste, possessive ou matérialiste.
▲ Elle ignore que c'est son don qui lui a sauvé la vie.
▲ Elle est restée dans le coma pendant huit mois. À son réveil elle avait presque tout oublié. Cependant, les circonstances de l'accident sont encore floues dans sa tête. Tout ça lui semble si irréel.
▲ Avant le drame, Jung Hwa jouait du violon au conservatoire. Elle espérait intégrer un grand orchestre de renom et peut-être même entamer une carrière de soliste plus tard.
▲ Elle joue également très bien de la guitare et du piano.
▲ Sujette aux crises de panique une fois le soleil couché, Jung Hwa ne se voit plus vivre sans son médicament miracle.
▲ C'est en s'auto-mutilant qu'elle a découvert l'existence de son don. Cela doit faire deux ou trois ans seulement.
▲ Jung Hwa a peur de faire face à cette vérité trop profondément enfui en elle.
▲ Elle réalise à peine que sa meilleure amie So Yeon l'a quittée.
▲ Elle a retrouvé sa mère il y peu pour lui quémander de l'aide. C'est ainsi qu'elle s'est retrouvée à bosser dans son bordel de luxe.