Mirror Maze

On avait convenu d'un petit rendez-vous sans quiproquos au festival sauf que... j'étais arrivé en retard (merci le bus et le trafic sur la route surtout) et que je me retrouvais présentement tout seul au dit lieu de retrouvaille. J'arrivais pas trop à croire que le hasard voulait qu'on soit tous les deux à la bourre, c'était un peu trop. Pourtant j'attendais un petit moment devant l'attraction en question. J'avais l'esprit vidé. Seul l'impatience me grimpait à la tête. L'envie de la revoir et de sentir sa main se glisser dans la mienne comme de rien. Cette brève illusion d'être juste à elle qui tendait plus à me faire du mal qu'à me combler mais qui, sur le moment, me rendait aussi guimauve qu'un bonbon. Elle me consumait de l'intérieur sans même le savoir. C'était ma faute aussi si je taisais mon cœur depuis toutes ces années. Il était trop tard pour une confidence. J'avais eu ma chance et je l'avais manquée. Point final. Je vivais avec ce regret et mon déni depuis. Trouvant le temps un peu long, je pensais enfin à sortir mon portable de ma poche pour lui composer un petit message, inquiet mais surtout impatient. Si ça se trouvait, elle s'était imaginé que je lui foutais un gros lapin et était rentrée chez elle. Où pire, un ami l'aurait invité à passer du temps avec elle. Le cauchemar ! Je préférais de loin le premier scénario mais était tout aussi impuissant face au second. J'avais beau vouloir être l'unique ami de Na Eun, je savais que c'était loin d'être la vérité. Le plus proche assurément mais pas son unique. Fucking égoïste ! Bref, une réponse me parvient aussi vite et c'est avec un air exaspéré mais rassuré (elle était pas à fricoter avec un autre au moins), que j'entrais dans le dit labyrinthe. Ça lui serait pas venu à l'esprit de me texter avant de tenter l'épreuve. J'allais en chier pour la retrouver à tous les coups. Quelle nigaude aussi...

Je n'avais qu'un objectif en tête : c'était de la retrouver et de profiter de l’atmosphère du festival en me perdant dans les rues et en admirant chacun des stands. Sans Na Eun ou Ji Hoon, ce genre de festivités ne m'attiraient pas vraiment. J'aimais autant la solitude que je la détestais et puis, ce genre de choses n'étaient pas conçue pour attirer les crétins solitaires dans mon genre. Forcément, démarrer l'activité en solo ne m'enchantait pas tellement et je m'empressais d'avancer en m’écrasant contre les vitres à de nombreuses reprises. Il n'y avait pas encore de casse et puis combien même, j'avais l'habitude de bien pire en temps normal. J'étais du genre casse-cou à mes heures. Les bobos ne m'avaient jamais fait peur. Néanmoins, j'essayais au moins d'éviter de heurter mon visage trop violemment afin de ne pas avoir l'air crétin en la retrouvant - si je la retrouvais avant de trouver la dite sortie. J'avais l'impression de tourner en rond. La vérité était surtout que je perdais tout perception. Mes sens n'existaient plus dans cette infinité de reflet de moi-même. Mon air blasé m'exaspérait aussi, au point que j'aurais bien collé un poing dans l'un d'eux. Je n'étais pas là pour caser quoi que ce soit... je devais retenir mes impulsions. Soudain une idée me vint. Je n'étais pas  certain que cela fonctionne mais je n'avais rien à perdre après tout. « Na Eun ? Tu m'entends ? » Qui n'essaye rien n'a rien. Peut-être qu'avec le son de sa voix j'allais parvenir à me diriger dans ce dédale à mon image. Encore faut-il qu'elle puisse m'entendre, que les murs laissent les sons se propager au loin. Je n'en étais pas certain mais puisque j'étais seul - ou paraissait seul, je m'en fichais bien d’accommoder qui que ce soit en étant " bruyant ".